samedi 23 avril 2011

Coopérations incontournables pour les soins primaires

Par lettre en date du 27 avril 2010, Monsieur le Président de la République a confié 
à Madame le Docteur Elisabeth HUBERT, la mission d’organiser une large concertation 
sur la médecine de proximité et de proposer des mesures concrètes en réponse aux 
difficultés structurelles que connaît la médecine ambulatoire depuis des années.

Heureusement,  le Docteur Hubert et son équipe  ont commencé par la lecture des 
nombreux rapports rédigés ces dernières années .Nombreuses ont été les commissions 
constituées, les constats et les propositions pour faire évoluer notre système de soins. 
Multiples sont les analyses publiées, que ce soient par l’IRDES, le HCAAM, 
des associations d’élus ou par des experts géographes, économistes …, toutes montrant
les risques que nous encourons au regard des problèmes de démographie médicale…

Conscients donc de remettre l’ouvrage sur le métier pour la nième fois, les experts 
de la mission se sont  préoccupés d’identifier les freins  à l’adaptation de
l’offre de soins de premiers recours alors que des expérimentations 
très encourageantes depuis plusieurs années se sont heurtées à de fortes 
réticences des « acteurs »  pour les généraliser.

En résumé :
Favoriser et accompagner les coopérations entre professionnels de santé est une 
première étape indispensable pour développer un nouveau modèle d’organisation
des soins, tant les mentalités demandent encore à bouger sur l’idée de partage d’activités.
Il faut ensuite créer les conditions matérielles du succès de l’exercice de cette pluridisciplinarité 
et lui offrir un cadre approprié. 
C’est tout l’enjeu des maisons de santé  MSP et des pôles de santé PSP.
 
Optimisme sur les résultats escomptés :
"Anticipée, préparée et non subie, la coopération entre professionnels 
de santé constitue une chance pour tous les professionnels de santé, 
une garantie d’accès à une offre de santé de proximité pour les populations 
et porteuse d’une plus grande efficience et d’une meilleure qualité 
de notre système de santé. 


Prudence   sur les délais de faisabilité :
"Il convient de ne pas céder à l’effet de mode ou résumer ces projets à de l’immobilier. 
Ces initiatives doivent répondre à une démarche des professionnels de santé eux mêmes,
ne peuvent leur être imposées par les seuls médecins. 
Ne nous faisons pas d’illusions, même si une réelle dynamique est en oeuvre 
sur le terrain, le pays ne sera pas dans les trois ans couvert de MSP ou de PSP. 
Ce n’est ni possible ni d’ailleurs souhaitable. En effet, pour être efficients et 
répondre aux besoins des populations, ces regroupements de professionnels 
mettent nécessairement du temps pour se déployer tant est long la maturation 
de telles idées et spécifique chaque situation".


 MORALITE
Usagers , en attendant  de desserrer les freins, 
                                                            soignez-bien votre "médecin traitant"



dimanche 17 avril 2011

Distribuer des soins ou prendre en charge un « patient » ?


Les « soins de premier recours » ou « soins primaires » constituent  
le premier accès au système de santé, porte d’entrée vers 
les soins secondaires et tertiaires.
La multiplicité des acteurs de soins primaires, médicaux et paramédicaux , 
acteurs du social, impose des échanges entre professionnels via une
coordination des soins ; mais le partage des compétences entre eux,
leur coopération et leur coordination ne font pas  l’objet d’un cadre 
juridique satisfaisant.

Un constat : « le système de santé français peine à organiser 
le parcours du patient, qu’il s’agisse de prises en charge successives
(ville, court séjour, moyen séjour, médico social, domicile) ou de prises 
en charge simultanées », notamment pour les malades chroniques 
et les personnes âgées. Le manque de coordination entre la ville, 
les urgences, l’hospitalisation et les structures médico-sociales
peut engendrer de véritables pertes de chances.. 

En instituant le dispositif du médecin traitant, la loi du 13 août 2004   
fait du médecin généraliste le « pivot » du système de santé ; 
il devient le spécialiste du premier recours »

La participation active du  patient et de son entourage dans cette
coordination a des aspects très positifs pour en faire des usagers
responsables. Encore faut-il que le généraliste « pivot » ait la possibilité 
effective d’être à la fois pilote et appui de cette autocoordination.

Cette question ne se pose pas que dans les « déserts médicaux ».
Elle concerne également les zones convenablement dotées.

C’est  une remise en question profonde de l’organisation des soins sur un territoire qui  est maintenant confiée aux Agences régionales de Santé par la loi par ailleurs fort contestée "Hôpital Patients Santé et Territoires".

On jugera l’arbre à ses fruits.



jeudi 14 avril 2011

Une histoire belge de soignants et de soignés dans des maisons médicales

Le N°41 (2ème trimestre 2008)  de la revue « PRATIQUES   les cahiers 
de la médecine utopiques » commente, sous la plume de Thomas Mordant,
poète, peintre et militant social, l’esprit de ces espaces de travail collectif
où les soignants et les soignés inventent des relations dans lesquels
la recherche du lien social est partie intégrante des soins. Extraits.
Des relations soignés - soignants « ….le patient choisit son 
ou ses soignant(s), en change s’il le souhaite…  les soignants 
se remplacent souvent les uns les autres » ..pour des raisons d’agendas 
ou pour une meilleure utilisation des la compétences.              
Des relations soignés -soignés, notamment dans la salle d’attente, 
un lieu ouvert, agréable et accueillant où les conversations s’engagent,
où les gens cèdent leur tour facilement… et où la thérapie commence…
Des relations soignants – soignants où le travail en commun stimule
les qualifications et favorise l’orientation vers des spécialistes et où 
se manifeste le respect entre les différents professionnels de santé :
médecins, infirmiers, kinés…                                                          
On aura compris qu’il s’agit d’une démarche militante , associée 
à la gratuité pour les soins primaires comme autrefois dans le « dispensaire ».

A l’heure où on multiplie les expérimentations ce qui permet de retarder 
l’investissement dans l’action, celle-ci en vaut bien d’autres.

mardi 12 avril 2011

Restreindre la « liberté d’installation » des médecins libéraux ???

Depuis la mission du professeur Yvon Berland ( 2004 ), une panoplie 
de mesures a été recensée pour corriger les inégalités d’accès aux soins
résultant de cette « désertification médicale », mesures destinées 
à freiner les départs et/ou à inciter l’installation de praticiens.
  
En 2010, selon une enquête d’associations d’usagers : le CISS,  
les Accidentés de la Vie et l’UNAF , « les mesures de régulation existantes
se sont révélées inefficaces pour assurer une meilleure répartition 
des effectifs médicaux » .... :« les aides délivrées par l’Etat,
l’Assurance maladie ou les collectivités locales, malgré leurs montants 
parfois élevés, ont arrosé le sable !!!. »
 
D’où la  proposition : « mettre en place une régulation de l’installation 
des médecins à l’instar de ce qui existe  pour d’autres professionnels 
de santé et/ou dans d’autres pays européens de développement 
comparable au nôtre.

2008,  Proposition  d’ un rapport du député Marc BERNIER : 
« Sans remettre en cause le principe de la liberté d’installation 
des médecins libéraux, mettre des freins à l’installation de 
professionnels de santé dans les zones déjà sur - dotées en offre 
de soins,  dans un premier temps par des mesures « désincitatives »
comme, par exemple, une modulation de la prise en charge 
de leurs cotisations  sociales par l’assurance maladie.
Déjà, en 2007, l’Académie de médecine évoque la possibilité de recourir,
en dernier ressort, à des mécanismes coercitifs et le Haut Conseil 
pour l’Avenir de l’Assurance Maladie juge nécessaire de dépasser
la politique actuelle de « moindre contrainte » 
(Extraits du Rapport N° 14 de Jean- Marc Juilhard au Sénat (Octobre 2007)).



Or :
La pratique libérale de la médecine énonce, dans ce qu'on a appelé la
« Charte de la Médecine libérale ».(novembre 1927),  le principe de 
la liberté d’installation des médecins, considérée par les praticiens 
comme une garantie de leur indépendance.

On peut souhaiter que ce débat sur les principes soit tranché clairement, 
ne serait-ce que pour éviter les  voies sans issues d’une meilleure couverture 
territoriale de l’accès aux soins de premier recours ;

Les pistes prometteuses comportent une très large remise en  
cause des rôles respectifs des acteurs de l’offre de soins   
et du comportement des usagers

Généraliser à rythme accéléré les expérimentations positives est
une exigence forte pour maintenir l’égalité entre les territoires.




 

dimanche 10 avril 2011

Choisir un « médecin traitant »

C’est le point d’entrée médical dans le système( l’autre, économique
étant l'accès à la « couverture maladie »)
Dans sa grande bonté (et ses « valeurs ») la République laisse à chacun
la liberté de choisir son « médecin traitant ».  
Pour les populations de certains territoires, c’est comme la liberté de choix,
au cœur du Sahara de l’ oasis où se rafraîchir. 
On parle d’ailleurs  de « déserts médicaux ».
En effet, la principale tendance lourde de l’évolution de l’offre de soins  , 
c’est la quasi disparition progressive des médecins généralistes 
( les spécialistes sont déjà partis) dans des zones autrefois dites « blanches » 
et maintenant appelées « sous médicalisées» ou « sous dotées »
La densité médicale : nombre de médecins pour 100 000 habitants fait apparaître 
des écarts très importants entre les départements dont la densité est inférieure 
ou supérieure de 30% par rapport à la moyenne nationale.
Toutefois, ces chiffres par département ne rendent absolument pas compte 
des écarts entre d'une part agglomérations urbaines et d'autre part,
cantons ruraux ou zones dites « sensibles » qui parfois n’ont plus de généralistes.

En 2004, une mission confiée par le ministre Philippe Douste-Blazy 
au Professeur Yvon Berland Président de l’Observatoire National 
des Professions de Santé constitue le début d’une saga de diagnostics,
par les pouvoirs publics, les élus nationaux et locaux et les associations 
de professionnels et d’usagers…

L’étiologie étant aussi parfaitement maîtrisée , on peut s’étonner 
de l’impuissance des  acteurs cités ci-dessus:

Inutile de s’épuiser à contrer des tendances lourdes irréversibles
Construire sans délai sur l’ensemble du territoire une offre de soins
répondant aux évolutions démographiques et tirant parti de toutes les 
technologies éprouvées, ou à éprouver en ce qui concerne la « télésanté ».






mardi 5 avril 2011

L’offre de soins sur le territoire

Un « bien portant » étant « un malade qui s’ignore », c’est donc la totalité 
de la population française qui est concernée par l’accès aux soins.
Pour chaque usager, l’intérêt d’une information sur l’offre de soins 
à laquelle il est susceptible d’avoir accès en cas de besoin est tout autant 
importante que la  connaissance de l’offre d’éducation, de culture, 
de sports et loisirs, de sécurité civile….
Cette information - qui peut s’avérer vitale- est tout à fait insuffisante, 
voire inexistante ou erronée.C’est une condition essentielle – négligée- 
d’efficience pour le « système » de permettre à chacun   d’emprunter 
le meilleur « parcours de soins »  lorsqu’il  en ressent le besoin.
Ce blog atteindra son but s’il contribue à susciter l’ attention du lecteur 
sur une meilleure perception de l’offre de soins de son territoire , 
à son profit personnel et pour une meilleure utilisation 
des ressources collectives sanitaires et médico sociales.

Sur un territoire donné, l’offre de soins est constituée des professionnels de santé  
«  de ville » : médecins généralistes et spécialistes, paramédicaux ( agréés), 
des pharmacies et des établissements de soins : courts, moyens, longs séjours

L’offre de soins comporte une grande variété de structures juridiques
professions libérales individuelles ou en groupe, entreprises petites et moyennes
du secteur privé, établissements publics, privés sans but lucratif.

Enfin cette offre de soins s’inscrit dans des réglementations de santé publique 
et des Schémas  Régionaux d’Organisation Sanitaire – S R O S